Christophe Piochon

Il pilote Bugatti

C'est la troisième voiture la plus chère au monde : la Bugatti Chiron. Christophe Piochon le sait bien. Depuis 2013, l’ingénieur dirige l’usine de Molsheim, en Alsace, l’unique site de fabrication de ces voitures de rêve.

L'automobile a très vite fait partie du quotidien du jeune Normand. « Mon père était pêcheur mais mon grand-père était carrossier. Il avait travaillé sur des prototypes de Renault avant la guerre. Je passais beaucoup de temps avec lui, on retapait des vieilles voitures ».

Intéressé par les sciences, Christophe Piochon passe un bac C, mathématiques et physiques, et poursuit par un DUT de Mesures physiques à Caen. « C’était un peu trop théorique pour moi. Je cherchais à m’éloigner de la physique pure pour m’orienter vers le milieu industriel ». Après avoir obtenu son diplôme, il s'inscrit à une formation en Qualité, à Angers, dispensée par l’Istia. « La qualité était quelque chose de nouveau à l’époque. Et ça me permettait de garder des portes ouvertes si jamais ça ne marchait pas pour moi dans le monde automobile ».

À l’Istia (qui était alors un Institut universitaire professionnalisé, spécialisé en génie des systèmes industriels), il décroche une licence, puis une maîtrise Gestion de la qualité et maîtrise des procédés.

Recruté par Volkswagen

Pour son stage de fin d'études, il envoie cinq candidatures en Allemagne. « J’ai trouvé vraiment bien que l’Istia propose l’enseignement d’une langue, je faisais déjà allemand en première langue, j’ai pu poursuivre et ça m’a beaucoup servi ».
Il reçoit deux réponses positives, de la part de Mercedes et de Volkswagen. Il opte pour le second constructeur et passe deux mois au siège de Wolfsburg, en Basse-Saxe, dans le centre à prototypes du groupe. Il y travaille sur la nouvelle Golf IV et la New Beetle.

À la fin de ce stage, Christophe Piochon est prêt à poursuivre ses études, mais Volkswagen l’embauche. « Ils m’ont offert l’opportunité de devenir chef de projet qualité développement à Wolfsburg. J’ai accepté ». Là-bas, il planche sur le premier projet de monospace Sharan. « Je suis ensuite parti au Portugal pour la mise en production du véhicule ». De retour à Wolfsburg, il collabore au projet de nouvelle plateforme du constructeur allemand et de ses déclinaisons (Golf V, Audi A3, Seat Leon…). « Le tout dans un environnement international ».

L’aventure Bugatti

En 1998, Volkswagen fait l’acquisition de la mythique marque française Bugatti. Christophe Piochon est à l’affût. « Je leur ai dit que s’ils avaient un projet, je voulais en faire partie ». En 2001, la conception d’un premier prototype est lancée. Christophe Piochon est de l’aventure, comme chef de projet qualité.

En 2003, il quitte l’Allemagne pour Molsheim où une usine dédiée au projet vient d’être construite. Le premier modèle de Bugatti Veyron est commercialisé en 2006. Christophe Piochon a pris part, comme responsable qualité assemblage, à toute la phase d’essai préalable. « J’ai dû faire plus de 60000 km sur les routes des Vosges et les pistes d’aéroport ». Avec une vitesse de pointe de 431 km/h, la supercar a besoin d'espace…

En 2011 et 2012, Christophe Piochon fait un nouveau crochet par l'Allemagne, à Dresde, où il assure la qualité d'assemblage de la Phaeton, berline de luxe de Volkswagen. « C’était complétement différent de Bugatti. On assemblait 56 voitures par jour : c’était plus que Bugatti en un an à l'époque ».

Il revient en 2013 sur le site de Molsheim dont il prend les commandes. Il gère depuis une centaine d’employés (assemblage, logistique…). « Je m’en rends compte maintenant, mais les différentes méthodes apprises à l’Istia m’ont beaucoup servi et me servent encore ».

Bugatti a tourné la page Veyron en 2015. Après un 450e et dernier exemplaire, le premier modèle cède sa place à un autre projet : la Bugatti Chiron, qui parcourt ses premiers kilomètres l’année suivante. Soixante-dix de ces véhicules, affichés à 2,5 M€ pièce, sont sortis de Molsheim en 2017.

 


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