Au troisième jour de la création du monde, Dieu dit « que la terre verdisse de verdure »… Loïc Mareschal s’emploie tous les jours à appliquer l’ordre biblique. Il dirige Phytolab, l’une des plus importantes agences françaises de paysagisme et conseil en environnement. Sans se prendre pour un Dieu, loin de là « Finalement, c’est toujours la nature qui gagne et au bureau, tout le monde m’appelle Loïc », explique le fondateur du bureau d’études qui emploie aujourd’hui une vingtaine de paysagistes, de diplômés en architecture, urbanistes et autres designers… Parmi ses derniers projets : le réaménagement des abords du phare de la Baleine sur l’Île de Ré, la création à Nantes d’un jardin extraordinaire dans la carrière Misery pour accueillir l’Arbre aux hérons, dernier né des Machines de l’île, ou bien encore la partie végétale du projet Cœur de Maine à Angers. Entre autres.
« Depuis tout petit, je me passionne pour le monde du vivant ». Son parcours scolaire traduit cette appétence. Après avoir obtenu un bac D (SVT), Loïc Mareschal s’inscrit en Faculté des sciences à Nantes, dont il est originaire. « J’ai eu un déclic en 1re année. Je me suis mis à travailler… C’était nouveau pour moi ! » En 1990, pour sa 3e année, il postule à une licence de Biologie cellulaire à l’Université d’Angers, « qui avait la particularité à l’époque d’être sélective ». Son dossier est retenu. « On faisait beaucoup de botanique ». Cette année est aussi celle de deux rencontres déterminantes.
L’influence d’un professeur
L’étudiant de 22 ans fait la connaissance de son premier fils. « Ma femme était à Nantes, moi à Angers en colocation. J’avais besoin de travailler ». Loïc Mareschal multiplie les petits boulots, jusqu’au moment où son professeur de géologie, Gérard Moguedet – deuxième rencontre – lui propose « de faire un relevé floristique pour une entreprise qui faisait de la recherche de sites pour des carrières ». La collaboration universitaire se transforme rapidement en emploi régulier.
En parallèle de sa maîtrise à la Faculté des sciences, et d’une formation en microbiologie délivrée par la Faculté de santé, le jeune homme travaille sur des projets de remise en état de carrières. « C’est à ce moment-là que j’ai découvert, presque par hasard, l’aspect projet. Replantations, nouveaux modelés, formes des plans d’eau… Avant, je n’avais pas vraiment conscience que des personnes modelaient l’espace public ».
En 1992, maîtrise en poche, Loïc Mareschal dit adieu à la fac. Il devient manutentionnaire pour un groupement d’éditeurs. Et s’intéresse aux livres qu’il transporte à longueur de journée. « C’était un peu ma BU à moi. Je me suis auto-formé à la culture du projet et du paysage ».
Entrepreneur à 24 ans
« De manière un peu inconsciente », il lance à 24 ans sa propre agence à Nantes. Il décroche « quelques petits projets formateurs » et définit la ligne de conduite qui l’anime encore aujourd’hui : « Donner plus de place à la nature, au vivant, révéler la présence de l’eau, ne pas utiliser de produits phytosanitaires… À l’époque, le terme développement durable n’existait pas vraiment, mais c’était ça. L’autre spécificité de l’agence, c’est de proposer des projets qui révèlent la qualité des lieux. On a plus tendance à en enlever qu’à en rajouter ».
Après avoir « tout vendu » pour éponger ses dettes en 1995, la fortune lui sourit enfin. En 1996, « j’ai eu la chance d’être retenu, avec un architecte-urbaniste, pour superviser toute la partie paysagère du prolongement de la 1re ligne de tramway à Nantes. Ça a fait complètement décoller l’agence ».
D’autres missions liées au tramway suivent, à Nantes, Bordeaux ou Jérusalem. Pour y faire face, Loïc Mareschal recrute, à raison d’un nouveau collaborateur chaque année en moyenne.
Au début des années 2000, à la suite de la marée noire de l’Érika, l’agence se tourne vers la mer et la restauration du littoral. Elle multiplie les chantiers sur la façade Atlantique, de Carnac au Pays basque, en passant par Saint-Nazaire et le port maritime de La Rochelle… « L’interface terre/mer, terre/fleuve, terre/eau et villes/rivages ce sont des sujets qui me passionnent de plus en plus ».
Phytolab connait quelques aventures internationales. Elle a notamment conçu le jardin de l’ambassade de France au Kenya, un jardin en Corée du Sud et mené plusieurs projets en Suisse et au Luxembourg.