600 000 journalistes dans plus de 146 pays : c’est leur voix que porte la FIJ, la Fédération internationale des journalistes. À sa tête, Anthony Bellanger*. Il en est le secrétaire général depuis 2015. Son rôle est de défendre la liberté de la presse, les droits des journalistes, de représenter la profession devant les grandes organisations telles que l’Unesco ou l’ONU, de former les reporters à leur sécurité et à celle de leurs sources, et d'aider ceux qui se retrouvent dans le besoin. Anthony Bellanger voyage là où l'on a besoin de lui, comme par exemple en ce moment à Bagdad ou Damas. Malgré cette fonction très prenante, il continue d’être journaliste d’information et écrit des articles pour différents titres, dont Mediapart, L’Humanité et Equal Times.
Anthony Bellanger est issu d’une famille ouvrière et paysane de la Sarthe. « Personne n’avait le bac ». Le jeune homme s’avère être un élève sans difficulté au collège et au lycée, en attendant mieux… « J’ai toujours voulu faire de l’histoire et devoir attendre l'université pour l'étudier était pour moi une souffrance ».
Sa motivation pour les études s'accroît lorsqu’il entre en fac d'histoire, au Mans. Il obtient sa licence en 1995 et poursuit à l’Université d’Angers où il décroche une maîtrise et un DEA d’histoire médiévale. « La faculté a été quelque chose de vraiment nouveau pour moi : tous les jours, j’apprenais à marcher en marchant, derrière chaque porte que j’ouvrais, il y avait quelque chose de nouveau ».
En 2003, après cinq années de recherche, il est le premier étudiant de l’UA à soutenir une thèse de doctorat en histoire médiévale. « J’ai mis du temps à la terminer car je travaillais en même temps ».
Débuts au Courrier de l’Ouest
Avant de débuter sa thèse, en 1998, un de ses voisins lui avait dit que Le Courrier de l’Ouest cherchait des collaborateurs afin d’écrire des articles. Anthony Bellanger a saisi l’opportunité. « En 2000, j’ai été titularisé au journal. J’ai décidé d’arrêter l’enseignement de l’histoire médiévale à l’université pour m’y consacrer à plein temps ». Le jeune homme ne connaissait rien au métier et a tout appris « sur le tas ». « Je travaillais la journée de 9 h à 21 h et, le soir, je me penchais sur ma thèse ».
Anthony Bellanger s’investit peu à peu dans la représentation syndicale. Au sein de son quotidien d’abord, puis au niveau régional et national, en tant que bénévole. En 2010, il devient le numéro 2 du Syndicat national des journalistes (le SNJ, syndicat majoritaire dans la profession), puis est porté à sa tête l’année suivante.
Sa vie prend un nouveau tournant en 2014 : « Il y avait un appel d’offres international pour le poste de secrétaire général adjoint à la FIJ. J’ai postulé et j’ai été pris ». Il emménage, avec sa femme et ses trois enfants, à Bruxelles où se trouve le siège de la fédération. L’année suivante, il succède à la Brésilienne Beth Costa en tant que secrétaire général.
L’ancien Sarthois n’a pas totalement renié sa passion pour l’histoire. « À chacun de mes voyages, j’essaie d’aller visiter des sites historiques. Pour moi, le journalisme c’est un peu comme l’histoire : l’historien est un journaliste des temps anciens et le journaliste un témoin de la vie contemporaine. J’ai juste fait un bond en avant de 800 ans entre le XIIIe siècle que j’ai étudié de très près et le XXIe siècle, celui de ma réalité ».
* À ne pas confondre avec son homonyme Anthony Bellanger, chroniqueur sur France Inter.