Anne-Françoise Benoit

La femme chocolat

De Angers au Japon en passant par Paris, les chocolats Benoit se dégustent sans modération. Un succès qui doit beaucoup à Anne-Françoise Benoit, qui a repris l’entreprise familiale en 1997. Novice à l’époque, elle est aujourd’hui l’une des rares femmes à figurer dans le cercle des meilleurs chocolatiers de France.

Anne-Françoise Benoit est née en mai 1968. Ayant soif de liberté, la jeune femme voit l’université comme un moyen de s’émanciper. Elle ne sera pas déçue. Alors qu’elle ne savait pas vraiment vers quel secteur se diriger, elle choisit d’étudier les sciences économiques à l’Université d’Angers. « Les deux premières années de DEUG étaient difficiles. Je ne me débrouillais pas trop mal en maths mais j’étais surtout intéressée par la philosophie, l’histoire et la sociologie de l’économie ». La jeune femme boucle une licence et termine ses études à la Sorbonne, après une année de maîtrise en ressources humaines.

À l’université, elle goûte au plaisir d’être son propre patron. « C’est essentiel d’être autonome à la fac, personne n’est là pour vous porter ». Cette liberté restera son leitmotiv.

Après sa maîtrise, Anne-Françoise Benoit trouve un emploi au service Ressources humaines de l’assureur Axa. Elle est en charge de la création d’une crèche pour les employés de l’entreprise. Si elle a beaucoup aimé la mission, travailler en entreprise avec l’ensemble des codes qui y sont attachés ne lui correspond pas. Après une deuxième expérience au sein d’une agence d’intérim, l’envie de retrouver la liberté de ses années de fac se fait pressante.

Chocolatière et gestionnaire

À l’époque, ses parents, propriétaires de la chocolaterie angevine Chocolats Benoit, rue des Lices, songent à leur retraite. Bien qu’elle n’ait jamais appris le métier de chocolatier, Anne-Françoise décide de reprendre le flambeau familial, ce qui est fait en 1997.

Pendant 1 an, elle se forme auprès de son père et de grands chocolatiers parisiens tel que Lenôtre, atteignant rapidement l’excellence dans le domaine. En 2003, elle reçoit l’Award du « Jeune talent » au Salon du chocolat. Depuis 2010, elle est inscrite au guide des Croqueurs de Chocolats, l’équivalent du Michelin pour la profession.

Devenir chocolatière a relevé du défi : être une femme, sans diplôme dans la chocolaterie et reprendre l’entreprise familiale a suscité beaucoup de méfiance. Attendue au tournant, elle a mis à contribution ses connaissances en gestion et sa créativité en cuisine pour faire rayonner la chocolaterie.

En 2004, Anne-Françoise Benoit ouvre un second point de vente à Angers, puis une boutique à Paris en 2009. Le nombre de salariés passe de 5 à 25. Chaque jour, elle alterne entre la casquette de chocolatière et celle de gérante d’entreprise. Si elle aime le travail de production, elle s’amuse de plus en plus en communication et marketing à chercher le bon packaging, la bonne présentation, etc.

Le Caramandes au Japon

Véritable ambassadrice de son territoire, elle crée une spécialité angevine, le Caramandes. Lors du Salon du chocolat de Paris en 2013, Anne-Françoise Benoit fait déguster ce mélange chocolat-caramel-amandes. Aussitôt, elle se fait démarcher par des clients japonais. L’aventure au Pays du Soleil levant démarre : les premières années, 500 boîtes sont exportées. Aujourd’hui, 5 000 partent remplir les devantures des magasins nippons pour la Saint Valentin. Elle découvre alors une culture fascinante et se plaît à voyager dans ce pays qui lui était jusqu’alors inconnu. « C’est assez drôle d’aller au Japon avec ma casquette de chocolatière. On me demande de dédicacer mes boîtes de chocolats, de faire des photos… Le chocolat français est un vrai produit de luxe là-bas ».

Anne-Françoise Benoit trouve l’inspiration dans sa région, à Angers et lors de ses voyages au Brésil, au Pérou, en Afrique. Elle met un point d’honneur à se rendre dans les exploitations de cacao afin de faire découvrir aux producteurs ce que les fèves deviennent dans son atelier.


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