Mathieu Turbiez

Derrière l'écran

Dans votre smartphone, il y a peut-être un peu de Mathieu Turbiez. Installé à Bâle, en Suisse, il pilote l’activité recherche et développement (R&D) d’une nouvelle filiale du groupe pétrochimique japonais Idemitsu Kosan. Objectif de la trentaine de chercheurs et ingénieurs : mettre au point de nouveaux matériaux organiques pour l’électronique, et notamment des écrans Oled utilisés par les fabricants de TV et mobiles.

Le destin de Mathieu Turbiez aurait pu être bien différent. Il s’en est fallu d’un cheveu. Après avoir validé un bac C, le jeune homme originaire de Saint-Georges-des-Gardes s’inscrit à l’UA, et suit une licence de physique-chimie. Un jour, « le professeur Marc Sallé m’a donné le goût de la chimie. À cette époque, je n’étais pas très assidu en cours et ma motivation pour les études était au plus bas. Au détour d’un cours expliquant les interactions chimiques (liaisons hydrogènes) impliquant la kératine, et l’influence des shampoings et après-shampoings sur la structure de nos cheveux, il a réussi à m’intéresser à cette matière qui est devenue mon corps de métier ».

Le choix du privé

Mathieu Turbiez enchaîne avec un bac +5 et une thèse en chimie organique, la spécialité du laboratoire Moltech-Anjou. Durant 3 ans sous la direction de Pierre Frère, il mène des recherches sur les semi-conducteurs semi-organiques. Direction ensuite les Pays-Bas, et l’université d’Eindhoven pour un premier post-doctorat. « J’hésitais entre devenir enseignant-chercheur et travailler dans le privé ». Pour se faire une opinion, Mathieu Turbiez réalise un deuxième post-doc' dans une entreprise suisse, Ciba SC, où il développe des matériaux. « À l’époque, ils n’avaient aucune expérience dans l’Oled ».

L’aventure durera 10 ans dans cette société rachetée par le géant BASF en 2009. Mathieu Turbiez y prend des responsabilités. De plus en plus. En 2017, nouvelle étape : BASF tourne le dos à son centre de Bâle. L’équipe rebondit en devenant une filiale d’Idemitsu. Mathieu Turbiez devient responsable de la R&D.

Ce parcours dans le privé « m’a permis de réellement m’exprimer, et de bénéficier de moyens bien supérieurs à ceux de la recherche publique », avoue celui qui est désormais plus habitué à parler l'anglais que son français natal.

Mathieu Turbiez n’oublie pas néanmoins d’où il vient, et salue la qualité de ses formateurs. « J’ai eu le plaisir et l’honneur d’avoir des professeurs passionnés par leurs sujets et qui aiment partager cette passion ».


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