Christine Strullu-Derrien

Une découverte historique

En 2008, Christine Strullu-Derrien découvre près d’Angers le plus ancien fossile de bois au monde. De quoi lancer sa carrière de chercheur en paléobotanique. 

Originaire des Côtes-d’Armor, Christine Strullu-Derrien débute sa carrière professionnelle comme professeur. Elle enseigne la biologie et la géologie mais, quelque peu lassée, elle reprend des études à l’Université d’Angers et décroche un master en sciences de l’environnement. 

Elle entame une thèse en paléobotanique-paléomycologie en 2006 en co-tutelle avec l’Université de Liège et reprend alors contact avec Hubert Lardeux, son professeur de stratigraphie et paléontologie de l’Université de Rennes. Il avait découvert en 1969 dans la carrière de Châteaupanne, à Montjean-sur-Loire, un niveau géologique contenant des fragments de plantes. « Nous sommes allés à plusieurs reprises dans la carrière pour récolter des échantillons qui ont permis de donner un âge à la roche - et donc aux fossiles qu’elle contient - et d’étudier la plante », retrace-t-elle. La plante était fossilisée sous forme de compressions charbonneuses montrant les ramifications, et sous forme d’axes pyritisés ayant préservé la structure en 3D.

C’est grâce à cette préservation en 3D qu’en 2008, un échantillon pyritisé a pu être étudié à l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) de Grenoble. Cet accélérateur de particules produit le rayonnement synchrotron, une lumière extrêmement brillante qui permet d’explorer la matière inerte ou vivante jusqu’à l’échelle nanométrique. Le verdict est alors tombé : les tiges de la plante étaient constituées de bois. La datation à 407 millions d’années en faisait le plus ancien bois au monde ! 

Probablement la seule en France

En 2010, elle soutient sa thèse et publie un article dans la revue Science. « Au total, j’ai publié six articles et ce travail m’a permis de décrocher une bourse postdoctorale européenne Marie-Curie pour travailler au Natural History Museum de Londres pendant deux ans. » Elle étudie alors l’origine et l’évolution des relations entre les plantes et les champignons. « Il y avait de la place pour des chercheurs souhaitant étudier les champignons fossiles : nous sommes toujours très peu nombreux dans ce domaine. » 

Après son postdoc, elle devient en 2014 chercheur associé au Natural History Museum puis en 2019, chercheur associé au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Cela lui donne accès aux équipements et aux collections pour mener à bien ses recherches. « Bien entendu, je dois candidater à des bourses, et notamment auprès de fondations qui les accordent à des chercheurs ne recevant pas de financement académique. En ce moment, je suis titulaire d’une bourse de la Fondation Ars Cuttoli-Paul Appell, sous l’égide de la Fondation de France ».

Comment trouver sa place dans le monde scientifique quand on a fait des études hors du schéma conventionnel ? Christine Strullu-Derrien a trouvé la parade. « Je suis devenue chercheur indépendant, lance celle qui est aussi présidente de la Société d'études scientifiques de l'Anjou (Sesa), dont l'objectif est de promouvoir la science auprès d'un large public. J'ai travaillé avec la volonté d’atteindre une notoriété internationale grâce aux résultats de mes recherches, Je suis probablement la seule paléomycologue en France travaillant sous ce statut. Je suis aussi reviewer pour de nombreux journaux scientifiques, et membre du comité éditorial de Palaeontology-Papers in Palaeontology et Botany Letters. Puis, j’ai innové en y associant un statut d’auto-entrepreneur. Il me permet de développer les projets que je souhaite, comme celui d’organiser, avec le conseil départemental du Maine-et-Loire, l’exposition Racines de l’Anjou en 2022 - exposition qui retrace l’histoire végétale du département - ou le fait d’aller dans des écoles parler d’un métier scientifique. C’est très important de sensibiliser les jeunes enfants à ce type de métier. » 


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