L’homme d’affaires Antoine Bernheim disait : « Le génie, c'est de savoir saisir les opportunités ». Manal Issa a retenu la leçon. Alors qu’elle était élève ingénieure à l’Istia, la Franco-libanaise a pris le temps de répondre à un message lui proposant de passer un casting.
Depuis toute petite, ce n’est pas la comédie qui intéresse Manal Issa, mais les jeux vidéo. Après avoir obtenu un bac S spécialité maths, elle se dirige vers Angers et intègre l’Istia pour passer un diplôme d’ingénieur Génie des systèmes industriels, option Ingénierie de l’innovation. « Ces études à l’université m’ont apporté tout un tas de choses. J’ai appris à programmer, à me servir des nouvelles technologies, à vendre des produits, à créer une entreprise… »
Dans son esprit, son chemin d’ingénieure était tout tracé. Mais lors de sa dernière année d’étude, en 2014, l’opportunité de jouer dans un film de la réalisatrice Danielle Arbid s’offre à elle. « J’ai reçu un message sur Facebook me disant que j’avais été repérée et que j’étais parfaite pour un rôle ». Elle décide de tenter sa chance et monte à Paris où elle cherche en même temps un stage de 6 mois. « J’ai trouvé un stage ET j’ai été prise pour le film Peur de rien », se souvient Manal Issa qui a dû mener de front la fin de ses études et cette expérience cinématographique. « Pendant le tournage, je retournais régulièrement à Angers pour passer mes soutenances et j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur », se félicite-t-elle.
Son rôle de Lina la propulse sur le devant de la scène. La jeune femme reçoit des prix comme celui de la Meilleure actrice lors de la 6e Nuit des Mabrouk de la fondation Liban cinéma en 2017. Elle est aussi nommée dans la catégorie Révélation féminine aux Césars la même année.
Entre deux films, elle conseille les clusters
Après ce premier film, d'autres opportunités se présentent. « Je pensais continuer mes études, faire un doctorat, mais on m’a proposé de jouer un premier rôle dans un autre film qui m’a beaucoup touché. Alors j’ai continué ». Pour Manal Issa, le plus dur c’est de devoir « choisir entre les deux ».
Retournée vivre à Beyrouth, elle cherche un emploi dans son domaine de compétences. « Je ne pouvais pas avoir un travail vraiment fixe avec tous les festivals de cinéma, alors je travaillais gratuitement au Liban dans des clusters d’innovations, je les conseillais, les aidais et leur donnais des idées ».
Aujourd’hui en France, elle a mis entre parenthèses sa carrière d'ingénieure. Question de priorités. Les tournages s’enchaînent. Dans son 9e film, Ulysse et Mona, à l’écran prochainement, elle donne la réplique à Éric Cantona.
La jeune femme a beaucoup fait parler d’elle lors du dernier festival de Cannes. Vedette du film Mon tissu préféré de Gaya Jiji, elle s’est servie de l’exposition médiatique qu’offre la montée des marches. Le 15 mai, au lendemain de la répression israélienne qui a coûté la vie à 60 manifestants palestiniens, elle a brandi un écriteau sur lequel était inscrit « Stop the Attack on Gaza » (« Arrêtez l'attaque sur Gaza »). Un geste qui rompt avec le protocole, immortalisé par des photographes du monde entier. Non, décidément, Manal Issa n’a peur de rien.
Voir la bande annonce de Peur de rien :